Visite guidée du champ de bataille « Le Canada à Ypres » le jeudi 17 août 2023

1/ Essex Farm Cemetery (50.871, 2.873)

Nous avons commencé notre visite par ce cimetière pour découvrir l’endroit où le Major John McCrae, médecin militaire canadien, écrivit son fameux poème : « In flanders Fields ». Nous nous trouvons à l’arrière du front, là où se situait les postes de secours, d’ailleurs les blockhaus que vous pourrez ensuite explorer, datant de 1916, ont été aménagés dans ce but.

John McCrae est touché par la perte du Lieutenant Alexis Helmer, parti en reconnaissance le 2 mai 1915 près de St-Julien, Il fut tué sur le coup par l’explosion d’un obus. John composa son poème dans un abri creusé dans le remblai de ce canal juste devant nous, après avoir enterré son ami. La 1ère parution de ce poème date de décembre 1915 dans le journal anglais Punch.  Ne cherchez pas la tombe de ce Lieutenant qui était à l’origine dans ce cimetière, car elle fut perdue pendant les combats. Son nom est commémoré sur la Porte de Menin.

John McCrae continua de servir durant la guerre jusqu’en janvier 1918 où il succomba d’une pneumonie. Il est enterré au cimetière de Wimereux près de Boulogne-sur-Mer.

Ce cimetière est sur l’emplacement d’un Poste médical de l’artillerie Canadienne établit durant la 2e bataille d’Ypres, opérationnel du début 1915 à 1918. Il comporte 1205 tombes (avec seulement 6 canadiens) dont 103 soldats inconnus et un mémorial de la 49th West Riding Division. Son nom reste mystérieux (The Essex Regiment)

Nous avons rendu hommage à John McCrae en lisant son poème, en Anglais (Angéline) et en Français (Timothée). A l’issue, nous avons déposer un mini-bouquet au pied de la plaque commémorative.

Nous nous sommes recueillis devant la stèle de Valentine Joe Strudwick tué le 14 janvier 1916 à l’âge de 15 ans.

2/ Mémorial canadien à Saint-Julien (50.899, 2.940)

La 2e bataille d’Ypres se déroule du 22 avril au 25 mai 1915. C’est la première grande bataille à laquelle participent les soldats canadiens durant le conflit.
Après une période de formation en Angleterre, la 1ère Division d’infanterie canadienne arrive en France en 1915 et reçoit l’ordre de se rendre à Ypres en avril. Les Forces alliées veulent protéger cette ville pour son emplacement stratégique mais surtout pour empêcher l’occupation allemande de la dernière grande agglomération belge.
Le saillant d’Ypres est cerné sur trois côtés par les troupes ennemies. Les tranchées que les Canadiens occupent sont peu profondes, mal construites (on croit encore à une guerre de mouvement).
A peine installé dans ce secteur occupé par le Ve Corps britannique à quelques kilomètres au nord d’ici, le 22 avril, les Allemands décident de tester une nouvelle arme, le chlore gazeux. Ils libèrent plus de 160 tonnes de gaz depuis des milliers de contenants disposés le long des lignes allemandes. Les Canadiens et les troupes françaises à leur gauche, observent un nuage jaune-vert qui apparaît au-dessus du no man’s land qui dérive vers le sud poussé par le vent. C’est la 1ère attaque au gaz de l’histoire !
La partie la plus dense du nuage atteint les Français. Le chlore leur brûle la gorge, et leurs poumons se remplissent de mucus. C’est la panique ! Ils abandonnent les positions créant un trou de 6 km dans la ligne de front.
Alors que les allemands s’avancent derrière le nuage dérivant vers les tranchées abandonnées, les bataillons canadiens et britanniques, eux aussi souffrant des effets du gaz, s’avancent pour calfeutrer le trou. Le front a tenu par leurs efforts désespérés.
Deux jours plus tard, une 2e attaque au gaz est menée contre les positions tenues par les Canadiens. Certains s’enfuient, d’autres essaient de s’échapper des effets du gaz en se couchant sur le ventre dans les tranchées, où le nuage vert et brumeux, plus dense que l’air, se dépose et les tue. Cependant, bon nombre d’entre eux tiennent les positions grâce aux consignes des médecins militaires, qui ayant identifié le gaz, leur avaient prescrit de respirer dans des mouchoirs imbibés d’urine.
Après quatre jours de combat intense, les Canadiens sont pour la plupart relevés le 25 avril.
Les Forces britanniques perdent 59 000 hommes (tués, blessés ou capturés) dans la bataille qui dure un mois. Plus de 6 500 de ces pertes sont des Canadiens dont 2 000 ayant perdu la vie.

En 1920, le comité des monuments commémoratifs canadien lance un concours pour ériger 8 monuments en France et en Belgique. En octobre 1921, des maquettes sont exposées pour être examinées par des juges. Ils adorent la belle conception de Walter Allward qui fut sélectionnée pour Vimy. La maquette de Frederick Clemesha a été choisie pour les 7 autres sites dont celui-ci. Lors de son inauguration en 1923, les juges ont senti qu’il était si frappant que le répéter réduirait son importance. Nous découvrirons les 2 autres mémoriaux canadiens situés en Belgique tout à l’heure.
Ce monument visible à des kilomètres, en bordure de la route d’Ypres à Bruges, semble monter la garde auprès des morts, telle une sentinelle. D’une hauteur d’environ 11 mètres, ce « soldat en méditation », taillé dans le granit, à la tête penchée, les épaules courbées, les mains repliées. L’expression du visage apparaissant sous le casque d’acier est résolue mais calme. C’est Corinne Théry qui déposa le mini-bouquet. Notre Présidente laissa une trace écrite à chaque étape de notre visite.

3/ Cimetière Tyne Cot  (50.887, 2.998)

Ce cimetière n’a pas d’importance particulière pour les opérations canadiennes, mais c’est le plus grand cimetière de guerre du Commonwealth au monde.

« Tyne Cot » ou « Tyne Cottage » est le nom donné par des soldats du Northumberland Fusiliers au groupe de blockhaus allemands capturé par la 3e division australienne en octobre 1917. À la suggestion du roi George V, qui a visité le cimetière en 1922, la croix du sacrifice a été placée sur le plus grand blockhaus toujours visible aujourd’hui. Il en reste deux autres dans le cimetière.

Du 6 octobre 1917 à la fin mars 1918, 343 sépultures y furent creusées, de part et d’autre des blockhaus, par des unités britanniques et canadiennes. Le cimetière est de nouveau aux mains des Allemands du 13 avril au 28 septembre 1918, date à laquelle il est finalement repris par l’armée belge.

Ce cimetière a été considérablement agrandi après l’armistice lorsque des dépouilles ont été ramenées des champs de bataille de Passchendaele et de Langemarck, et de quelques petits cimetières. 11 961 militaires du Commonwealth y sont inhumés ou commémorés.
8 369 ne sont pas identifiés.

Un Monument commémoratif au nord-est du cimetière rend hommage à près de 35 000 disparus du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande ayant péri dans le saillant d’Ypres. Il marque aussi le point le plus avancé atteint par les alliés avant leur progression finale vers la victoire.

C’est Lydie Jouanne qui déposa notre mini-bouquet.

Nous nous sommes recueillis devant la stèle de James Peter Robertson tué le 6 novembre 1917 lors de l’assaut final contre Passchendaele, avec le 27e Bataillon d’infanterie. Son peloton étant retenu par des barbelés et une mitrailleuse allemande, il réussit à se rendre jusqu’à une ouverture sur le flanc de la position ennemie. Il prend la mitrailleuse d’assaut. Au terme d’un combat désespéré, il tue quatre des combattants, puis retourne la mitrailleuse contre l’ennemi. Cette action permet au peloton d’avancer vers son objectif pendant que le Soldat Robertson continue de faire feu avec la mitrailleuse contre l’ennemi en retraite. Plus tard, quand deux de ses propres tireurs d’élite sont blessés devant la tranchée, il sort à découvert et transporte l’un d’eux sous un feu intense. Quand il revient avec le deuxième homme, il est tué par un éclat d’obus. Il reçut à titre posthume la Croix de Victoria.

Nous avons terminé par la visite du centre d’accueil.

4/ Mémorial canadien à Passchendaele  (50.897, 3.013)

Les forces britanniques lancent la 3e bataille d’Ypres, qui fait rage du 31 juillet au 10 novembre 1917. L’objectif est de briser les lignes allemandes en saisissant la crête près du village en ruines de Passchendaele. Après plusieurs tentatives meurtrières et infructueuses des troupes de l’Empire britannique, attaques et contre-attaques sur un sol détrempé couvert de boue, le Corps canadien commandé par le Lieutenant-général Arthur Currie est appelé à rejoindre le front en octobre.

Les quatre divisions du Corps canadien vont donner l’assaut sur la crête de Passchendaele à tour de rôle. Au cours des deux premières attaques, le 26 et le 30 octobre, les Canadiens ne gagnent que quelques centaines de mètres de terrain, en plus d’accuser d’énormes pertes. Le combat est si féroce qu’un bataillon, le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, perd presque tous ses officiers subalternes au cours de la 1ère heure de l’assaut du 30 octobre.

Sous la pluie et les tirs d’obus presque incessants, les soldats vivent dans des conditions horribles. Les troupes se réfugient dans des trous d’obus gorgés d’eau ou encore se perdent sur le champ de bataille boueux, ne sachant plus où se trouve la ligne de front qui sépare leurs lignes des positions allemandes.

Le 6 novembre, les Canadiens lancent leur 3e attaque. Ils réussissent à prendre la crête et les ruines du village de Passchendaele aux Allemands épuisés. Le 10 novembre, un 4e et dernier assaut leur permet de s’emparer du reste du plateau à l’est du saillant d’Ypres, ce qui met fin à une bataille ayant duré plus de quatre mois.

Les Forces britanniques perdent 275 000 hommes (dont 70 000 tués). Plus de 15 000 de ces pertes sont des Canadiens dont 4 000 sont tués.

En 1918, tout le terrain gagné par les alliés est évacué devant la menace d’une attaque imminente des Allemands, si bien qu’on en vient à se demander, en fin de compte, à quoi tout cela a bien pu servir.

Comme expliqué au Mémorial de Saint-Julien, le monument aurait du être un « soldat en méditation » mais le comité des monuments commémoratifs canadien décida d’ériger un imposant bloc de granit (15 tonnes) provenant d’une carrière à Stanstead au Québec. Sur les pentes surplombant les paisibles champs formant la vallée de la Ravebeek, le Mémorial se dresse à l’endroit même d’un point stratégique appelé « ferme de la crête » ou  « Crest Farm » où les soldats canadiens se heurtèrent à l’une des plus violentes résistance.

C’est Jeanne qui déposa notre petit bouquet.

5/ Mémorial canadien à la colline 62 (50.834, 2.947)

Dernière étape de notre visite ce matin, le mont Sorrel a fait l’objet d’une importante bataille du 2 au 13 juin 1916 pour la prise de cette hauteur stratégique. Au printemps 1916, la 3e Division d’infanterie canadienne occupe cette position, une hauteur de 30 mètres en surplomb de la ville d’Ypres. Le 2 juin, les troupes allemandes attaquent les Canadiens avec un barrage d’artillerie. Les tranchées alliées sont pulvérisées et les explosions tuent des centaines de soldats canadiens, faisant littéralement exploser leurs abris. Avec près de 90 % de blessés ou tués, le 4e bataillon du Canadian Mounted Rifles est pratiquement décimé. Les Allemands font également exploser les mines qu’ils avaient enfouies juste en contrebas des positions canadiennes. L’infanterie allemande se rue en une masse grouillante au travers des plaines dévastées jusqu’au mont Sorrel. Le Major-Général Malcolm Mercer, commandant la Division, est tué, tandis que le Brigadier-Général Williams, commandant la 8e Brigade, est blessé et fait prisonnier. Les forces allemandes submergent très rapidement les défenseurs canadiens et s’emparent du mont Sorrel ainsi que des côtes 61 et 62 à proximité. Le lendemain, les Canadiens tentent une contre-attaque qui est repoussée. Le 6 juin, l’armée allemande capture également Hooge, un village situé sur la route de Menin à Ypres, et se retrouve maintenant parfaitement positionnée pour attaquer la ville.
Les alliés cherchent à reprendre le mont Sorrel, mais manquent d’armes et d’hommes dans un contexte de préparation de l’offensive de la Somme.
À partir du 9 juin, des bombardements intensifs sur les positions allemandes au sommet du mont Sorrel commencent. Le 13 juin, à 1 h 30 du matin, les alliés lancent une attaque de nuit au cours de laquelle les fantassins se déplacent sous la couverture d’un écran de fumée. Combattant dans l’obscurité parmi les éclairs de lumière produits par l’explosion des obus alliés, les soldats canadiens et britanniques, dans le vent et la pluie, reprennent ces positions.
Plus de 1 100 Canadiens sont tués au mont Sorrel et plus de 2 000 hommes sont portés disparus. Des milliers d’autres sont blessés, au total, 8 430 soldats canadiens sont tués, blessés ou portés disparus
Un Monument a été érigé, identique à celui de Passchendaele, à proximité du bois du Sanctuaire
Moins de trois semaines après la bataille pour le mont Sorrel, les forces alliées lancèrent la bataille de la Somme.
Marie-Claude déposa notre mini-bouquet.

Nous voici sur la grande place de Ypres. Cette ville a la même histoire qu’Arras pendant la grande guerre. Située près du front, elle est régulièrement bombardée. D’ailleurs la Halle aux draps a été entièrement détruite et comme le beffroi d’Arras, reconstruite à l’identique. Après s’être restauré, chacun participant a  visité à son rythme le superbe musée “In Flanders Fields”. 
Nous avons terminé notre visite en participant à une cérémonie près de la porte de Menin. Après la guerre, cette porte datant du 17e siècle et située sur les remparts de Ypres, fut choisie comme emplacement d’une arche commémorative de près de 55 000 disparus des armées du Commonwealth qui tombèrent en Belgique, la plupart d’entre eux dans le saillant d’Ypres dont 6 940 Canadiens.
Ce Mémorial comprend une «salle du Souvenir». Au centre se trouve un large escalier conduisant aux remparts qui surplombent les douves et les loggias sur colonnes qui entourent le monument. Sur les murs intérieurs de la salle, du côté de l’escalier, ainsi que sur les murs des loggias, les noms des morts sont inscrits par régiments et par corps sur des panneaux en pierre de Portland. Malheureusement pour nous, la porte est en travaux pour plusieurs mois, vous pourrez néanmoins la traverser.
Chaque jour au coucher du soleil, une cérémonie est organisée, la circulation est arrêtée, des clairons sonnent l’appel aux morts. C’est le Last Post.
C’est notre Présidente accompagnée de notre chargé de communication qui déposèrent une gerbe au nom de notre association. Nous avons eu la chance de bénéficier de la présence du Glenduart Pipe Band !

Organisation : Anne & Fabrice Dubuc       Encadrement : Véronique Valet-Paltani & Fabrice Théry       Conseils historiques : Ryan Moreau-Fleury

Crédits photos : Anne Dubuc – Carine Kumps – Jacques Paltani – Patrick Strozyk