Lors de notre déplacement au Mont des Cats (article du même jour), nous avons organisé une visite guidée du cimetière de Lijssenthoek en Belgique.
Le village de Lijssenthoek, était situé sur la principale ligne de communication vers le saillant de Ypres, à 12 kilomètres d’ici au nord, Il se trouvait donc hors de portée de l’artillerie allemande. Ce saillant est resté tout au long de la Grande Guerre un point stratégique vital. Ce village a alors joué un rôle crucial en tant que centre logistique et d’évacuation. De nombreuses lignes de chemin de fer y ont été construites pour relier les dépôts situés jusqu’à la mer, permettant ainsi l’acheminement de munitions, d’approvisionnements et de renforts.
En plus de son importance logistique, Lijssenthoek est devenu un centre d’évacuation pour les blessés provenant des ambulances du saillant d’Ypres. Typiquement organisé comme un cimetière dépendant d’un hôpital, les hommes y ont été enterrés dans un ordre chronologique, et presque toutes les tombes sont identifiées.
Initialement créé par le service de santé français, ce qui explique la présence de tombes françaises, le cimetière a été utilisé à partir de juin 1915 par les forces du Commonwealth. Aujourd’hui, il contient 10 124 tombes, ce qui en fait le deuxième plus grand cimetière militaire en Belgique après Tyne Cot, dont 1 051 sont celles de soldats canadiens.
Nous avons commencé notre visite par l’histoire de la famille McLaurin de Vankleek Hill en Ontario.
Douglas McLaurin s’est enrôlé à l’âge de 22 ans en septembre 1914, peu après le déclenchement de la guerre. Il intègre le 16e bataillon d’écossais canadiens qui fait partie des premières unités envoyées au front. En mai 1915, des rumeurs sont parvenues jusqu’à sa famille indiquant qu’il avait été blessé.
Une semaine plus tard, Douglas leur écrivit pour les rassurer en voici un extrait :
« Nous étions en action au nord de Ypres et j’ai été blessé par balle à l’épaule, mais j’espère être de retour au combat dans un jour ou deux. En ce qui concerne les combats, c’était l’enfer et j’ai de la chance d’être en vie… Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais m’en sortir. Plus tôt je retournerai aux tranchées, mieux ce sera. »
À cette époque, Douglas avait été rejoint sur le terrain par ses frères Howard et William, il fut l’un des premiers volontaires de Vankleek Hill a être tué au combat comme le rapporte un journal local du 21 avril 1916.
« Quelque part en Belgique, avec une petite croix en bois au-dessus de la tombe pour marquer l’endroit, repose la dépouille du Soldat Douglas Cameron McLaurin, fils de M. et Mme John R. McLaurin …. Sa mort ne sera pas vaine. Sa place parmi les Highlanders qu’il aimait tant sera bientôt occupée et de nombreux autres Canadiens écossais courageux s’avanceront pour reprendre le combat là où Douglas est tombé… Les détails manquent et nous attendons tous avec impatience de savoir comment notre jeune concitoyen a connu sa fin. »
Une semaine plus tard, les détails sont arrivés dans une lettre extrêmement touchante du frère de Douglas, le lieutenant Howard McLaurin.
« Douglas a été blessé le 3 avril par un éclat d’obus qui a pénétré son casque. Il était en route pour avertir quelques camarades qu’ils étaient en danger. Il fut évacué dans un hôpital et décéda de ses blessures 2 jours plus tard»
Mais pour la famille McLaurin, le pire était à venir, puisque Howard sera tué au combat seulement deux mois après son frère. Un article paru dans l’édition du 23 juin 1916 de The Review détaille la nouvelle :
« Les gens de Vankleek Hill étaient très touchés vendredi soir lorsque la nouvelle s’est répandue que le lieutenant Howard J. McLaurin, un deuxième fils de M. et Mme John R. McLaurin, a été tué au combat le 14 juin. Un message des autorités militaires informa les parents qu’il avait été blessé le 5 juin, blessé de nouveau le 12 juin et tué au combat le 14. Il semble très difficile de croire que deux des meilleurs jeunes hommes d’une des plus belles familles de la ville soient appelés à faire ce grand sacrifice. Leur troisième fils, William, est lui aussi au combat et nous espérons sincèrement qu’il ne sera pas appelé à donner sa vie dans cet horrible massacre. »
Trois jours avant sa mort, Howard avait écrit une lettre pour ses parents qui la reçurent deux semaines plus tard. Voici un extrait :
« 11 juin 1916. Mes chers Père et Mère. Nous entrons dans une affaire assez importante et, dans quelques jours, il se peut que je reçoive l’appel pour rejoindre les rangs de ceux qui sont partis. Je veux que vous ne me pleuriez pas si tel devait être le cas. Je suis tout à fait prêt à y aller et je reverrai Douglas quand j’y serai. Transmettez mon amour aux enfants et à tous mes amis. Merci à tous pour votre bonté envers moi et au regret d’être la cause de votre chagrin. Votre bien-aimé Howard. »
Nous lui avons rendu hommage le jour anniversaire de sa mort.
William, le troisième fils, est rentré chez lui auprès de sa famille, mais a été grièvement blessé cette même année 1916, par balle et en septembre 1918, en étant gazé.
Enfin, voici la tombe de l’officier canadien le plus gradé tué au cours de la Grande Guerre. Le Major-General Malcom Mercer, commandant de la 3e Division d’Infanterie canadienne. Tué pendant les combats du Mont Sorrel (Mémorial de la colline 62).
Le 3 juin 1916, il inspecte les tranchées de 1ère lignes de sa division, lorsqu’il est touché par l’explosion d’un obus. Evacué dans un abri souterrain, Il y trouvera la mort enseveli. Son corps ne fut retrouvé que le 21 juin.
Chaque participant a eu l’occasion de déposer un coquelicot au pied de la stèle d’un soldat canadien de son choix.
Notre visite s’est conclue par une visite du centre des visiteurs.